L'autonomie (#1)

réédition d'un ancien billet
L'autonomie c'est le fameux "apprends moi à faire seul"si cher à Maria Montessori. Mais, si elle n'a dans le fond, rien inventé - Socrate, Montaigne et d'autres l'ont mis en pratique et défendu bien avant elle- Maria Montessori tout comme Charlotte Mason (que j'aime tant) a joué un rôle fondamental dans l'actualisation de cet essentiel de l'éducation

On n'impose pas l'autonomie à un petit enfant mais on l'accompagne. On ne décide pas arbitrairement du moment où il doit devenir autonome dans tel ou tel domaine parce que nous l'avons décidé, nous adultes, soit parce qu'on a entendu ou lu que telle acquisition devait se faire à tel âge soit parce que cela nous serait plus confortable. Les meilleurs exemples de la vie d'un petit poussin pour illustrer ces propos reste bien entendu l'acquisition de la propreté ou de la marche. Est-ce à dire que les parents n'ont pas de rôle à jouer et que l'enfant se construit seul ? Je ne crois pas. Les parents sont là pour guider et pour transmettre. 
   

Les parents sont là pour guider. Les parents doivent observer leurs enfants pour sentir le "bon moment" et proposer (proposer n'est ni imposer, ni harceler...) avec douceur et sans se lasser ce qu'ils savent déjà que l'enfant sans trop de peine va acquérir. Cela sous-entend de se rendre pleinement disponible à ce moment-là.
  
  Les parents sont là pour guider. Ma conviction est qu'un enfant ne peut avancer seul vers l'autonomie, vers la construction sereine de sa personne sans un capitaine de navire à la main ferme et bienveillante, au regard clair, honnête, loyal et droit. Nous avons tous besoin d'un capitaine de navire en qui placer notre confiance parce que nous savons qu'il sait où il va et qu'il sait comment s'y prendre ou bien que devant les difficultés, il sait comment réagir. Les parents proposent un cadre rassurant dans lequel l'enfant peut se mouvoir en liberté. Il y a des limites, il y a des règles mais il y a aussi des choix et de la souplesse. Il n'y a pas de liberté sans prise de responsabilité. Les parents doivent accompagner leurs enfants vers cette prise de conscience dans les petites choses de tous les jours : "je fais un choix, je suis responsable des conséquences de ce choix et j'accepte les sanctions éventuelles". Il peut s'agir de petites choses aussi simples que "je décide d'un jeu, j'accepte les règles et j'intègre que je peux perdre".

  Les parents sont là pour transmettre. L'enfant nous observe et reproduit. Veillons donc à rester le plus cohérent possible ! Dire ce que l'on fait, faire ce que l'on dit. Veillons aussi à lui laisser suffisamment de temps pour reproduire patiemment.

  Les parents sont là pour transmettre. Nous avons plus d'années de vie que nos enfants. Nous avons accumulé de l'expérience. Nous avons acquis du recul. Nous savons des choses qu'ils ne savent pas. Transmettons-les sans peur, sans honte, sans culpabilité ! Bien souvent, dans bien des domaines, laisser le temps n'est pas suffisant. Attendre que tout parte de l'enfant est un écueil. L'impulsion part de l'enfant, la volonté de départ, l'envie, le désir. Puis laissé face à lui-même, las, l'enfant s'épuise devant l'Everest désiré qu'il ne parvient pas à grimper. Nous voulions qu'il acquiert seul son autonomie, nous voulions qu'il soit libre, que la victoire ne soit que la sienne mais nous nous trompons. L'enfant a besoin de nous. L'enfant a besoin que nous passions devant, que nous enlevions certains obstacles, que nous en laissions d'autres pour qu'il puisse se retourner avec fierté. L'enfant a besoin que nous lui expliquions comment faire, que nous lui donnions les clés, que nous lui proposions de l’entraîner et souvent que nous le remotivions, que nous le sermonnions, que nous allions contre sa paresse, contre sa volonté, que nous luttions contre lui-même parce que de là où nous sommes, nous voyons, nous savons par quelles étapes il faut passer pour atteindre le sommet et nous savons - parce qu'avant lui, nos parents l'ont fait pour nous- combien la victoire sera savoureuse ! Il aura vaincu les obstacles, il aura appris l'effort, il aura testé sa volonté et sa persévérance.

  Les parents sont là pour transmettre. Que ce soit pour apprendre à parler, faire du vélo, lire, mémoriser une table de multiplication, calculer, cuisiner, jardiner, tricoter...Montrons ! Parlons! Expliquons! Et imposons chaque fois que nécessaire...! En grandissant, petit à petit, l'enfant fera, avec sa maturité, le tri dans tout ce que nous avons voulu lui donner, lui transmettre. Il  digérera, il rejettera et il gardera, il se réappropriera l'éducation reçue. Bref, il sera devenu grand.

Commentaires

Au petit bonheur a dit…
Merci Laurence pour tes deux beaux articles sur l'autonomie. C'est toujours aussi intéressant de te lire. J'en profite pour te remercier car, grâce à toi, j'ai pu étudier un peu la pédagogie de Charlotte Mason et je la trouve étonnamment moderne et pertinente ! Merci pour tout ces partages.
Anonyme a dit…
Excellents articles.

Ça fait plaisir de voir l'autodiscipline et le goût de l'effort dans l'autonomie. Hé oui, sinon on est juste bon à travailler pour ceux qui savent se mettre au travail...et faire travailler les autres.

J'ajouterai le respect de soi et la capacité à poser des limites entre soi et les autres. Ça commence petit avec la prévention contre les abus physiques, ça continue avec la prévention contre les dépendances (affective inclue) et toutes les situations d'abus. Ce qui nous renvoie à l'autodiscipline et le goût de l'effort, car il en faut pour sortir d'une situation abusive.

Chloé